PREMLÈRE MOITIÉ DU XVII° SIÈCLE                   327
la manufacture de Mortlake, si toutefois elle prolongea sa durée jusqu'à cette date. C'est à peine si on pourrait citer une seule pièce se rattachant à ces derniers essais de fabrication, et postérieure à la révolution.
St glorieux qu'ait été l'atelier de Mortlake, son éphémère prospé­rité est loin d'offrir l'intérêt qui s'attache aux travaux des ateliers français contemporains. Sans doute la suite des Actes des apôtres peut se comparer aux plus magnifiques tentures du xvii- siècle; mais l'Histoire de Vulcain, avec sa bordure monotone, d'un ton sombre et terne, ne vaut pas, il s'en faut, les belles suites d'Artémise et de Constantin, qui sortaient des ateliers des Comans et des de la Planche. Après un injuste oubli, on s'engoue maintenant outre mesure de ces œuvres longtemps méconnues; cependant, si les ta­pissiers de Mortlake méritent d'occuper une place distinguée parmi leurs rivaux, peut-être y aurait-il exagération à les mettre au premier rang.
La réputation des tentures de Mortlake fut grande au xvnc siècle. Nous trouvons une preuve certaine de cette célébrité dans les nom­breuses pièces, d'origine anglaise, disséminées dans toutes les grandes collections du temps. Mazarin avait recueilli avec em-. pressentent plusieurs des tentures vendues après le supplice de Charles Ier.
L'inventaire du mobilier de Louis XLV ne comprend pas moins de vingt suites de fabrication anglaise, formant un total de cent cin­quante pièces. L'attribution de quelques panneaux à sujets gothiques pourrait donner matière à contestation; mats nous rencontrons dans le nombre trois séries des Actes des apôtres, deux en sept pièces et une en quatre; or sur celles-ci point d'hésitation pos­sible. De même pour une tenture de Vulcain, en huit pièces, pour une Histoire de saint Jean, en quatre sujets, et enfin pour la Fration du pain à Emmaùs, d'après le Titien. Comment accorder ces affirmations de'l'inventaire, rédigé avant 1681, avec la tradition rapportée par les tapissiers parisiens de 1718, d'après laquelle les Actes des apôtres seraient venus en France avec le roi Jacques II, qui les aurait offerts à Louis XIV? Nous ne nous chargeons pas d'expliquer cette contradiction.
Parmi les suites provenant, d'après l'inventaire de Louis XIV, des ateliers anglais, provenance qui ne doit être acceptée que sous toutes réserves, nous relevons Ies Triomphes de Pétrarque (six